L'autre Rive
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OBJET
II- Dans le langage courant, on appelle plutôt objet une chose matérielle inanimée et de petites dimensions; le terme est utilisé actuellement pour désigner une chose d'assez petite taille, à fonction décorative dans l'agencement d'un intérieur; il tend en ce sens à remplacer bibelot jugé amenuisant.
Ce projet photographique est né d'une exploration personnelle et intime d'un lieu abandonné que j'ai fréquenté pendant plusieurs mois, toujours à la même heure, mon temps de midi.
Chaque visite était l'occasion de m'imprégner de l'atmosphère particulière de ce lieu, en constante dégradation. Peu à peu, l'endroit, rempli de détritus, d'objets éparpillés et de seringues, a commencé à se transformer sous mon regard. Parfois, des silhouettes humaines y apparaissaient, comme des fantômes, intégrant cette dégradation, dans une sorte de symbiose étrange entre les restes du passé et les traces de vies oubliées.
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La silhouette de désolation,
d'un bâtiment où tout est puant,
où l'humidité suinte des murs crasseux,
le souffle d'un vent frileux,
le soleil rampant,
sans la moindre émotion,
un visage hagard,
le craquement du verre écrasé,
une présence furtive, vite évitée,
une basket; la bagarre,
une porte qui claque,
presque un silence.
Un soutien-gorge; un viol ?
Du verre, des bouteilles d'alcool.
Un matelas; quelqu'un couché dessus,
une couverture; quelqu'un couché dessous,
peut-être pas sur cette image,
regardez bien,
des chaussures, le papier-peint,
un souvenir, une aire de jeux pour enfants, un mariage.
La Carapils; ivresse bon marché,
une cisaille; volée ?
Le réverbère; étendu,
de la baguette; moisie,
les joueurs de baby-foot; froidement abattus.
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" De ce lieu, ce sont les objets
qui me marque le plus,
le sol jonché de détrituts,
issus de shots, de viols, de vols,
dans une défonce des plus folle.
Et ce qui plaît dans ces objets,
c'est ce qui j'imagine:
objet subliminal; la peur que l'on devine,
l'oubli, la honte, l'exclusion,
objet insolite, hantant ce lieu de perdition,
désespoir caché de la rue, abandon,
coincé entre un vaste parking,
et le bruit du ring,
des automobiles qui tournent en rond,
Et parce que, sans doute, pourriture
rime avec ordure.
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Charleroi, terre de charbon,
d'une lumière inquiétante,
son style c'est son coeur,
son goût c'est sa laideur,
d'une chaleur éprouvante,
un renouveau, intense contradiction
faut que ça bouge, étrange
effroyable beauté,
drôle de cruauté,
bruyant mélange.
Un ours en peluche; je ne l'explique pas,
les châssis; rouillés,
Chris, déprimé,
la chaise de bureau; cramée,
un pot de piments, périmé
les portes, les vitres; en éclat,
un environnement; brutal,
une atmosphère; glaciale,
la sortie de secours; un détour,
un tricycle; une sortie de route,
un briquet; pour éclairer la voie,
s'échapper de la vie,
la misère; au hors de la vue,
quelque instant,
une mauvaise herbe; la vie, vraiment ?
La saleté; au Dettol,
une mallette; un hold-up,
le pissenlit; au Roundup,
un téléviseur; explosé au sol,
la racaille; au Karcher,
l'espoir; autant l'oublier,
la grande salle; maintenant sent le brûlé,
Charleroi, terre de misère".